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15 janvier 2021 5 15 /01 /janvier /2021 17:41

Dans le cadre des activités de l’Atelier citoyen autour de l’eau, nous vous proposons de faire le point sur la pollution radioactive des eaux de la Loire et donc dans notre eau d’hygiène et de boisson.

Ce second article apporte quelques éléments sur ce que l'on sait de l'impact du tritium - hydrogène radioactif - sur les organismes vivants.

Deux points essentiels y sont abordés :

  • L'eau tritiée est le Cheval de Troie des radiations cancérogènes dans les cellules vivantes
  • La norme internationale de potabilité, fixée par l'OMS à 10000 Bq/litre, repose sur un postulat scientifique erroné qui conduit à minimiser le risque tritium

Ces articles sont rédigés par Jean-Yves Busson[0], avec l'appui des membres du Conseil d'Administration de l'Atelier citoyen.

Leur contenu repose sur les travaux conduits dans le cadre du collectif Loire Vienne Zéro nucléaire  - et de son observatoire citoyen des eaux du bassin de la Loire -  en partenariat avec le laboratoire ACRO (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest).

N'hésitez pas à transmettre et/ou à réagir via la messagerie de l'Atelier citoyen

Les impacts de l'hydrogène radioactif sur le vivant
 

Sous prétexte que sa désintégration émet une radiation de faible puissance, le tritium n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études poussées. Mais les scientifiques sont de plus en plus nombreux à penser que le risque tritium a été sous-estimé.

Une donnée est avérée : la radiation du tritium est de courte portée – 5 à 7 microns, à comparer à la taille d'une cellule animale d'environ 20 microns – mais de forte énergie ionisante. Appliquée sur un noyau de cellule animale ou végétale, elle va endommager ou détruire le matériel chromosomique qu’il contient. Cette donnée relève d’expérimentation et ne peut pas être contestée.

image.png

 

A partir de là, tout est une question de statistiques : quelle est la probabilité qu’une désintégration de tritium ait lieu à proximité immédiate d’un noyau ? Cette malchance va dépendre de différents facteurs, notamment,

· La dose, la concentration de contaminants dans l’eau

· la durée d’imprégnation

· le degré de pénétration dans les organismes

Pour les habitants ligériens en aval des 5 centrales nucléaires,

o    la dose varie entre 20 et 50 radiations par seconde et par litre au robinet (hors pic de pollution)

o    l’imprégnation est permanente, depuis 50 ans, avec une augmentation récente liée à l'usage accru du bore comme régulateur de la réaction nucléaire

o    le taux de pénétration de l’eau tritiée dans les cellules des organismes est supposée de 100%. La molécule d'eau radioactive circule partout comme l'eau pure et il n’y a rien qui permette d'affirmer qu’elle épargne certaines parties du corps.

Bienvenue dans la grande loterie des agents mutagènes, avec plusieurs tirages possibles, de probabilités inégales :

 

image.png

 

-      Cas 1 - La cellule abîmée ne se reproduit pas, elle meurt

-      Cas 2 - La cellule abîmée se reproduit de façon tumorale mais est précocement détruite par le système immunitaire de l’organisme

-      Cas 3 - La cellule produit une tumeur qui passe au travers des mailles du filet immunitaire et évolue en cancer

C'est le taux d'occurrence du cas 3 qu’il faudrait connaître.

Une chance pour les pollueurs : le fait que l’eau tritiée circule partout dans l’organisme rend l’étude de son impact très difficile et rend ces cancers pratiquement intraçables.

Le caractère invisible, inodore et sans saveur de cette pollution constitue un aspect important de sa minoration, de son acceptation par les habitants.

Imaginez la situation suivante : si vous tiriez un litre d’eau au robinet, dans une bouteille transparente et que, durant la nuit, vous voyiez 30 à 40 luminescences fluorescentes par seconde, quelle serait votre réaction ? Quand bien même on vous affirmerait que ces luminescences sont sans danger, est-ce que vous boiriez cette eau avec la même confiance ?

L’être humain est un animal avant tout visuel. Il n’est qu’à voir le tollé provoqué en 2019 dans l’agglomération angevine par de l’eau du robinet légèrement jaune, mais saine, lors d’un test des réserves de secours au niveau de l’usine d’eau potable. Il y a eu de nombreux cas de gastroentérites… par pur effet nocebo !

En se basant sur le seul aspect de la faible portée de pénétration de la radiation tritium, l’OMS[1] a défini une limite de potabilité à 10 000 Bq/litre[2] ! Toutes les administrations du monde confrontées au risque tritium s’abritent derrière cette norme, cet arbre qui veut cacher la forêt.

La norme des 10000 Bq/l est inepte car basée sur un postulat expérimental faux, issu des observations d'irradiations d'êtres vivants. Elle ne tient pas compte du fait que l'eau tritiée véhicule la radioactivité au plus près du matériel génétique, au sein même des cellules.

Au vu des avancées de recherche sur l’effet des cancérogènes par une imprégnation prolongée à faible dose, il est probable que dans un avenir proche, cette norme sera dénoncée pour son caractère minimiseur des risques liés au tritium.

Via ce lien,

https://www.lemediatv.fr/emissions/2020/centrale-nucleaire-du-tricastin-le-rapport-glacant-commande-par-greenpeace-C9sGdwJrSYW7-f0RAQKjMg

une interview à ce sujet, de Bruno Chareyron, directeur de la CRIIRAD[3], ingénieur en physique nucléaire. Il y dit clairement : « En matière d’exposition à la radioactivité, il n’y a pas de seuil d’innocuité ».

Également de Bruno Chareyron, en pièce jointe : dans un article du Courrier de l'Ouest du 12 décembre 2020, il répond aux questions du journaliste Nicolas Thellier. Il explique ce mécanisme des faibles doses et met en cause la norme de 10 000 Bq/l dont l'origine remonte aux études post-Hiroshima au milieu du 20ème siècle.

Il est important de noter que l’ACRO et la CRIIRAD ne sont pas des organisations anti-nucléaires. Ce sont des associations indépendantes dans lesquelles travaillent des scientifiques hautement qualifiés et dont le pouvoir d’agir et la liberté de parole sont garantis par le soutien – financier notamment – que nous, citoyens, leur apportons.

Merci pour votre attention sur un sujet parfois ardu, qui fait pour certain·e·s appel à de lointains souvenirs en classe de physique-bio-chimie au lycée !

Cet effort de compréhension est important, dans l'exercice d'une citoyenneté éveillée et critique :)

Très bientôt, un troisième volet consacré justement aux mobilisations citoyennes, qui apportent la preuve de l'insuffisance des dispositifs de contrôle de cette pollution radioactive et questionnent la posture de l'autruche adoptée par les pouvoirs publics, et notamment par nos élus locaux.


 [0] JY Busson est membre de la CLI - Commission Locale d'Information - de la centrale de Chinon (collège associatif) ; membre du réseau citoyen de surveillance de la radioactivité dans le bassin de la Loire (coordination) du collectif Loire Vienne Zéro nucléaire

[1]OMS : Organisation Mondiale de la Santé

[2]Sous la houlette de l’AIEA, agence internationale à l’énergie atomique. L’utilisation des mots clés « liens OMS AIEA » dans un moteur de recherche apporte des données fiables concernant l’assujettissement de l'une à l'autre.

[3]CRIIRAD : Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité. C’est l’autre acteur scientifique indépendant né après Tchernobyl, avec l'ACRO

 
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